mercredi 25 juillet 2007

Les fermes industrielles

Aujourd'hui, les fermes et l'élevage des animaux ne sont plus ce qu'ils étaient il y a quelques décennies. Oubliez les étendues de pâturage verdoyant et les jolis paysages campagnards, parsemés de petites fermes familiales, évoquant la simplicité et le labeur - aujourd'hui celles-ci ont été remplacées par des enclos en métal, des cages grillagées et d'autres systèmes de confinement qui caractérisent les fermes industrielles modernes (1). Emprisonnés dans ces espaces surpeuplés et malpropres, les animaux sont bourrés d'antibiotiques et d'aliments synthétiques remplis de facteurs de croissance pour être finalement abattus de façon cruelle.

Comme partout, la voix économique domine dans le secteur agroalimentaire. Pour que les supermarchés hégémoniques puissent vendre de la viande, des oeufs et des produits laitiers à bon marché auprès d'une clientèle de plus en plus "chasseur d'aubaines", la productivité à tout prix est devenue la devise de l'industrie. Les premiers à pâtir de l'intensification de la compétition et de la demande croissante pour la charcuterie sont les animaux, qui sont traités non plus comme des êtres vivants, mais des articles de consommation, des unités de production, des signes de piasses. Pour minimiser les coûts, on néglige les soins vétérinaires, les conditions sanitaires, la nutrition... bref, le bien-être général des animaux. En vue d'augmenter la rentabilité, n'importe quel moyen est bon pour produire plus et plus rapidement, tout en investissant moins - même si l'on doit faire souffrir.

Ce modèle de production cruel, polluant et malsain fait du mal non seulement aux animaux, mais aussi à la Terre et aux humains. Notre planète, déjà souffrante, doit fournir une quantité prodigieuse de ressources naturelles aux fermes industrielles et composer avec les tonnes de déchets toxiques qu'elles rejettent dans l'eau, le sol et l'atmosphère. Les humains, pendant qu'ils se félicitent d'avoir créé un système d'alimentation factice mais efficace, sont ravagés par les substances nocives dans la viande (antibiotiques, hormones, gras, cholestérol), les microbes qui s'échappent des granges et des abattoirs (E.coli, grippe aviaire, vache folle) et les éléments toxiques qui s'écoulent des fermes jusqu'à nos fenêtres et nos robinets (ammoniac, phosphore, nitrogène) (2).

En dépit de tous ces impacts dévastateurs, rares sont ceux qui savent d'où provient leur charcuterie, combien de souffrance se cache derrière elle et ce qu'elle a coûté à la Terre - à sa santé et à celle de ses habitants. Je vous invite donc, dans les prochaines pages, à faire le tour d'une ferme typique en Amérique du Nord. (Si les mots ne vous émeuvent pas et que vous avez besoin d'images, regardez gratuitement le film Terriens pour une expérience plus réaliste mais profondément bouleversante. Âmes sensibles s'abstenir!)


Plus encore que l'ambiguïté de la situation de l'animal dans la société humaine, l'obstacle majeur à la reconnaissance de ses droits par une loi provient de l'intérêt économique qu'il suscite ; l'animal représente une source de profit si importante qu'on le laisse volontairement réduit à son aspect de produit utilitaire, sans se soucier de sa nature d'être sensible, vivant et souffrant. Les avantages économiques qui naissent de l'exploitation animale vont de pair avec des considérations politiques : la protection de l'animal passe au second rang quand il s'agit de préserver les intérêts de groupes influents. - Suzanne Antoine, juriste, présidente de Chambre honoraire à la cour d'appel de Paris

If you knew how meat was made, you'd probably lose your lunch. - K.D. Lang, auteure-compositeure-interprète

It is only by softening and disguising dead flesh by culinary preparation that it is rendered susceptible of mastication or digestion, and that the sight of its bloody juices and raw horror does not excite intolerable loathing and disgust. - Percy Bysshe Shelley, poète



(1) Finsen, L., & Finsen, S. (1994). The Animal Rights Movement: From Compassion to Respect. Twayne Publishers: New York.
(2) Centers for Disease Control and Prevention. U. S. Department of Health and Human Services. Concentrated Animal Feeding Operations. Environmental Hazards & Health Effects.

Références/Commentaires