mardi 17 juillet 2007

Conclusions

C'est un grand défaut de l'être humain que de toujours croire que ce qu'il fait est juste et justifié. On est dérangé par ce qui remet en question nos pratiques quotidiennes et soulève la possibilité que ce que nous faisons n'est pas bien. Confronté à des faits troublants, on doit alors conclure que soit nous sommes dans l'erreur - une conclusion extrêmement déconcertante - soit c'est l'autre qui l'est. La plupart opteront pour la deuxième voie et rejetteront tous les arguments qui vont à l'encontre de leurs croyances, pour ne pas se sentir mal à l'aise dans leurs actions, pour ne pas avoir à changer leur comportement actuel.

Il n'y a pas si longtemps, j'étais celle qui ne voulait pas remettre en question. Je n'avais pas sérieusement considéré le végétarisme parce que je ne voulais pas bouleverser ma façon de penser, d'agir et de vivre. J'avais grandi en mangeant de la viande, j'aimais le goût et je ne voulais pas faire l'effort de changer mon alimentation. Mais dès que j'ai osé me questionner et creuser plus loin, je me suis aperçue que mes préjugés contre le végétarisme venaient de mon éducation et de mes habitudes plutôt que de ma raison et de mon intuition.

J'espère qu'en lisant ce blogue, vous êtes arrivés à comprendre les raisons qui m'ont incitée à ne plus manger de viande. Même si vous n'êtes pas convaincus, je vous remercie d'avoir pris le temps de me lire, de vous informer et de réfléchir aux problématiques soulevées. Pour conclure et m'assurer de ne rien manquer, je propose un dernier survol des points essentiels.


Pour les animaux

Le végétarien moyen sauve la vie d'environ 95 animaux par année et donc des milliers d'animaux au cours de sa vie (1). Chaque fois que nous mangeons, nous prenons donc une décision qui a des conséquences marquées sur la vie des animaux. À chaque repas, nous choisissons entre la cruauté et la compassion. En consommant de la viande, nous ne voyons plus les poules, les cochons, les vaches et les poissons comme des êtres vivants qui respirent, jouent, courent et ressentent la douleur, mais comme des boulettes, des saucisses et des escalopes. En se délectant de chair animale, nous laissons notre estomac parler plus fort que notre coeur.

Choisir d'être végétarien revient à vivre sa vie selon des principes auxquels nous tenons tous : aimer et aider son prochain, faire preuve de bienveillance envers les plus faibles, traiter les êtres vivants avec gentillesse et respect. La plupart des gens ne voudraient jamais enfermer une douzaine de poules dans une cage miniature toute leur vie, ni arracher les testicules d'un porcelet mâle, ni trancher la gorge d'une vache vivante. Alors comment pouvons-nous, en tant qu'êtres compatissants, accepter de payer d'autres personnes pour exécuter ces actes cruels à notre place?

Le monde n'est pas une chose et les animaux ne sont pas des produits pour notre usage et notre consommation. Plus que la miséricorde, nous devons aux animaux la justice. - Arthur Schopenhauer, philosophe


Pour les humains

Imagine-toi assis devant un demi-kilo de bifteck. Maintenant, imagine 50 personnes assises avec toi à la même table, mais avec des bols vides. Mangerais-tu ton steak en bonne conscience, sachant que les ressources qui ont servi à sa production auraient pu remplir chaque bol vide avec une tasse de céréales? En extrapolant l'exemple précédent à une plus grande échelle, on voit qu'une réduction de 10% de la consommation de viande aux États-Unis engendrerait un surplus de céréales pouvant nourrir 60 millions de personnes (2)!

Même si on ne peut garantir que les ressources libérées par l'abolition de l'élevage serviraient à nourrir ceux qui ont faim, il faut tout de même reconnaître qu'une diminution de notre consommation de viande est un pré-requis pour tout programme d'aide à la famine qui se veut viable et durable (3). À moins de mettre fin au gaspillage occasionné par l'industrie de l'élevage, on ne pourra nourrir un monde affamé sans détruire à la fois notre santé et la planète.

It seems disingenuous for the intellectual elite of the first world to dwell on the subject of too many babies being born in the second- and third-world nations while virtually ignoring the over-population of cattle and the realities of a food chain that robs the poor of sustenance to feed the rich a steady diet of grain-fed meat. - Jeremy Rifkin, président du Greenhouse Crisis Foundation


Pour la Terre

Le lien entre le végétarisme et l'écologie est si évident que je suis chaque fois surprise lorsque je vois un environnementaliste dévorer un sandwich au jambon. Étonnant, aussi, qu'on ne semble pas comprendre pourquoi je cite l'environnement comme l'un des principaux facteurs ayant motivé ma décision d'être végétarienne. Pourtant, de toutes les industries inefficaces et polluantes qui dévastent notre planète, l'élevage du bétail figure en tête de liste.

Illustrons par deux équations simplifiées l'argument de l'ineffacité :

1) terre + eau = céréales
2) terre + eau + céréales = bétail

Étant donné que les ressources sont limitées et que la planète est à bout de ses capacités, l'équation idéale serait celle dont les variables sont les moins nombreuses et ont les plus petites valeurs. N'est-il donc pas raisonnable de s'en tenir à la consommation directe des cultures agricoles, donc la première équation? Pourquoi ne pas éliminer le bétail, cet intermédiaire improductif à qui l'on donne : beaucoup de terres pour qu'il dégrade nos sols arables ; beaucoup d'eau pour qu'il pollue nos milieux aquatiques ; beaucoup d'énergie pour qu'il émette des gaz à effets de serre ; et beaucoup de nourriture pour qu'il nous fournisse 10 fois moins que ce qu'il consomme?

There is no question that the choice to become a vegetarian or lower meat consumption is one of the most positive lifestyle changes a person could make in terms of reducing one's personal impact on the environment. The resource requirement and environmental degradation associated with a meat-based diet are very substantial. - Christopher Flavin, président du Worldwatch Institute


Pour toi

Au final, le végétarisme est un choix personnel. C'est décider que manger une côtelette de porc cause trop de dommage et de souffrance pour en valoir la peine, que trop de vies et de ressources sont sacrifiées pour qu'une cuisse de poulet puisse se rendre de la cage à l'assiette.

Peu importe leurs motifs personnels, les végétariens jouissent d'avantages communs : une forme physique et mentale optimale grâce à une conscience tranquille et un corps en santé. Sain pour l'esprit, sain pour le corps, le végétarisme est, selon moi, une vision plus qu'un mode de vie, adoptée par ceux qui ne veulent pas, pour des simples raisons d'appétit, délibérément causer de tort à l'animal, à l'humain, à la Terre et à sa propre personne. Dans mon cas, c'est la meilleure décision que j'ai jamais prise.

How wonderful it is that nobody need wait a single moment before starting to improve the world. - Anne Frank, écrivaine et victime de l'Holocauste


(1) Swan, T. (2 fév. 2007). Vegan Tim Speaks Out. Houndbytes.
(2)
Motavalli, J. (2002). The Case Against Meat. E Magazine.
(3)
Seager, J. (1995). The State of the Environment Atlas. Penguin Books: Harmondsworth, U.K.
Brown, L.R. (1997). Facing the prospect of food scarcity. In State of the World.
L.R. Brown, C. Flavin & H. French, eds. Worldwartch Norton & Co.: New York.

Références/Commentaires